Science-fiction : le cinéma congolais est-il prêt ?

Le 23 juillet dernier, une centaine de geeks, amateurs de BD, professionnels du  art et invités se sont retrouvés pour débattre sur le thème : de la bande dessinée au cinéma de science-fiction, il n’y a qu’un pas.

Durant cette rencontre appelée Goza qui en est à sa deuxième édition à Kinshasa, les participants ont débattu des possibilités d’intégrer ce genre dans le cinéma congolais.

Né sur les traces des comics (bande dessinée), le genre s’est rapidement développé et est devenu l’un des plus rentables au box-office. 12 des 30 acteurs les mieux payés au monde en 2017 selon le magazine américain NewsWeek ont tourné dans ces films l’an passé, sans compter les pics records atteint par les deux derniers Marvel dans l’histoire du cinéma : Black Panther et Avenger Infinity War.

Le constat est que très peu de réalisateurs congolais sont accoutumés à ce genre et peinent à l’intégrer dans le  art congolais, accusés de faire la promotion du cinéma dit des calebasses traitant de sujets ruraux ou sociétaux déconnectés des aspirations et des attentes des jeunes aujourd’hui, selon le célèbre acteur Rasmané Ouedrago.

Très peu de réalisateurs regardent des films et selon lui, s’auto-censurent, incapables d’explorer les autres richesses thématiques qui s’offrent à eux.

Ce qui se dégagera de ce Goza II est que très peu de professionnels aussi bien dans le cinéma que dans la bande dessinée ambitionnent de porter ce genre sur le marché local.

Déjà, la sortie très médiatisée de Black Panther et l’impact qu’il eut de par le monde, notamment à travers les communautés noires, avaient révélé que bon nombre des milliers de fans Kinois qui s’étaient rué pour voir le film en avant-première mondiale à étaient pour la plupart, totalement étrangers au genre et n’étaient qu’entraînés par l’effet de masse qui avait suscité une mobilisation tous azimuts, notamment via les médias conventionnels et Internet.

Une idée très répandue, accrédite la thèse d’une fracture entre d’un côté les pays anglophones où la science-fiction et la fantaisie trônent aussi bien dans la littérature que dans le cinéma et de l’autre, les pays francophones plus émotionnels, qui opteraient pour d’autres styles plus réalistes. L’influence d’Hollywood semble pourtant avoir bousculé les lignes et créé des brèches dans l’univers francophone où les fans sont de plus en plus nombreux.

Rejetée par les érudits congolais

Il était du devoir de chaque élève aux Humanités de présenter un ouvrage de littérature sous la forme d’un exposé. Le but étant de cultiver chez les élèves que nous étions non seulement le goût de la lecture, mais également la rédaction et l’esprit critique. Dans l’école publique que je fréquentais, j’ai préparé deux exposés (l’un en quatrième année pour le cours d’anglais) et l’autre en cinquième année (pour le cours de Français). 

Pour l’anglais, j’avais choisi Frankenstein écrit par une très jeune auteure Mary Shelley. Le récit de cette créature sortie de l’imaginaire d’un jeune savant et dont les sorts seront liés à travers une chasse à « la créature » dans laquelle, le créateur meurtri par la mort de ses proches causée par sa créature, a été la première introspection personnelle de ma vie sur le rôle de la responsabilité personnelle qui est la nôtre dans les choix que nous faisons. Cela n’a pas pour autant convaincu mon professeur, qui m’imposera un autre ouvrage : The Mastermind de David Unger.

Même mésaventure en cinquième année. À l’excellent 1984 de George Orwell que j’avais acheté pour le prix d’une bouteille de boisson gazeuse chez quelqu’un qui n’en connaissait visiblement pas l’importance, le refus pour ces « âneries » tel que le décrivit mon professeur ne me laissait guère le choix que de choisir quelque chose de plus « sérieux ». C’est ainsi que mon exposé porta sur « Terre des Hommes » d’Antoine de Saint-Exupéry.

Comment peut-on dès lors développer le goût, l’imaginaire et la vocation pour ce style si déjà, les professeurs encadrant les élèves en littérature rejettent le rejettent ?

Pour ma part, j’attends de pied ferme le premier long-métrage congolais de science-fiction.